CANAL DU MIDI

 

Gestion du Canal

De son ouverture en 1681 à la révolution c’est la famille de Riquet qui gère le canal. Elle en était d’ailleurs en grande partie propriétaire. Ensuite ce fut le gouvernement français. Mais suite à un décret de 1808 et à une loi de 1809, le canal fut vendu à la Caisse d’amortissement (dans l’objectif de financer d’autres canaux). Le résultat de cette vente fut divisé en 1000 actions. En 1810 les actionnaires furent réunis sous le nom de Compagnie du Canal du Midi.
La surveillance de l’entretien fut confiée aux Ponts & Chaussées. Voilà comment s’articulait la gestion du canal au XIXème siècle.

Administration – Gestion commerciale

Le canal est divisé en 7 divisions, telle est d’ailleurs la répartition par page que j’ai retenu. Il y a une huitième division, celle de Narbonne, concernant la canal de La Robine.
Les divisions du Canal du Midi sont:
– Toulouse (écluses 1 à 12)
– Naurouse (écluses 13 à 16)
– Castelnaudary (écluses 17 à 34)
– Carcassonne (écluses 34 à 50)
– Somail (écluses 51 à 54)
– Béziers (écluses 55 à 59)
– Agde (écluses 60 à 63)

Les divisions sont de différentes tailles mais certaine d’entre elles englobent d’autres canaux telle celle de Somail pour le Canal de Jonction.

Les bureaux sur le canal se répartissent entre bureaux principaux et secondaires. Nous retrouvons mentionnées certaines de ces entités administratives sur les plaques. Ces bureaux, pour certains à l’arrêt obligatoire, étaient destinés à percevoir les taxes de navigation. Le canal était divisé en segments de 5000 mètres, les droits calculés selon un équation entre segments et quintal métrique transportés.
Les bureaux intermédiaires étaient tenus par un Receveur chargé de vérifier la concordance entre la déclaration du vendeur et la cargaison. Cette opération était renouvelée à chaque bureau intermédiaire. Les droits étaient payés dans un bureau principal dans les 10 jours suivant la livraison. Il est fait mention sur certaines de ces plaques de la distance entre l’écluse et le bureau intermédiaire le plus proche mais également de la présence d’un bureau intermédiaire sur le site. 

Les bureaux principaux correspondent à la liste des divisions.

Celle des bureaux intermédiaires est la suivante:
– Embouchure en Garonne (sans doute en tête de canal ce bureau correspondait-il à l’une des premières écluses toulousaines)
– Gardouch (aucune mention sur plaque)
– Bram (mention en est portée sur la plaque d’écluse, également une plaque sur le bureau intermédiaire lui-même)
– Trèbes (une plaque sur la maison du garde côté route)
– Prades (aucune plaque)
– La Nouvelle sur le canal de la Robine.

Financement des plaques

Il est donc probable que les plaques aient été financées soi par la Compagnie du Canal du Midi par le biais de l’administrateur central à Paris ou l’administration locale à Toulouse. Ou par la Direction Générale des Ponts et Chaussées chargée de l’entretien. Compte tenu du choix de la fonderie Bouilliant, laquelle entretenait des rapports professionnels très étroits avec les Ponts & Chaussées, je pencherai plutôt pour cette administration.

Les plaques, leur utilité

La batellerie était répartie entre bateliers indépendants et salariés de la Compagnie du Canal du Midi, auxquels ils fallait ajouter les liaisons assurées par les bateaux de poste ouverts au grand public. Le système de taxes se devait d’être clair et cette clarification entraîna la mise en place, au niveau de chaque écluse mais aussi de chaque ouvrage remarquable, de plaques le localisation. En outre il ne faut pas perdre de vue que nous étions sur un domaine privé ouvert au public. Son financement ne dépendait que du transport de marchandises (ou accessoirement de voyageurs).

En principe la marchandise qui se meut doit seule payer les droits de navigation et dans la proportion des distances qu’elle a parcourues. D’où il suit que les barques vides sont libres de naviguer sans payer aucun droit. 

Il fallait donc à la fois concilier  les contraintes de navigation et le système d’imposition. Ces plaques permirent  d’apporter les informations nécessaires aux professionnels mais aussi de sensibiliser les autochtones utilisant (naviguant ou pas) le canal. D’autre part la nécessaire jonction entre les chemins de fer et le canal (laquelle allait provoquer en 1858 la fusion au sein de la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne) rendait nécessaire l’affichage de ce que nous pourrions appeler aujourd’hui les gares du canal. 

La fabrication des plaques

Le catalogue 1849 de la maison Bouilliant à une planche consacrée aux fabrications liées à la navigation. En illustration nous trouvons la plaque d’écluse du Béarnais mais aussi une plaque Écluse de Garonne. 

Nombre de ces plaques issues de la fonderie Bouilliant sont estampillées par le logo de la fonderie. En fin de compte il s’agit des premières lettres de Henri Bouilliant Breve

HBB

En 1842 et 1846, Henri Bouilliant déposa deux brevets concernant cette fabrication: genre de plaques d’inscription en relief en tout métal fusible d’un seul jet. Les métaux concernés étaient la fonte, le zinc et le cuivre. Compte tenu de l’aspect actuel des plaques sur le canal, je pencherai pour l’utilisation du zinc

La date des contrats passés avec cette fonderie n’est pas encore connue. Toutefois, compte tenu de la date du catalogue précité, de la date des brevets,  elles pourraient logiquement avoir été mises en place entre 1840 et 1845. 

Il y a d’autres plaques que celles issues de la fonderie Bouilliant. Celle de Bayard par exemple (matière indéterminée), celle d’Ayguesvives provenant de la Fonderie Toulousaine Christophe Frères, celle de La Planque, laquelle à une histoire un peu particulière que vous lirez sur la page de la division de Castelnaudary ici

Cette plaque de La Planque nous interroge d’ailleurs sur l’existence de tableaux indicateurs peints directement sur les murs avant l’apposition de plaques. Ne perdons pas de vue qu’entre la construction du canal et donc des écluses et la mise en place des plaques prés de deux siècles se sont écoulés. Ce sont des indications peintes mais reprenant uniquement les lieux administratifs sans précision de distances. 

D’autres plaques encore sont manquantes, parfois ce manque est expliqué, parfois non (voir articles). Nous rencontrons également des plaques en pierre. Tel est le cas à d’Argens, en deux parties juxtaposées. Ces plaques dateraient elles aussi du milieu de XIXème (1840 / 1850). Elles sont caractéristiques de la Montagne Noire mais sur le canal on en rencontre sur la division du Somail principalement. Cette transition entre la division de Carcassonne et celle du Somail peut laisser penser que la gestion de la signalétique était différente d’une division à l’autre. 


Les documents utilisés pour créer ces pages sur le Canal du Midi:

  • Guide du voyageur sur le Canal du Midi et ses embranchements, sur les canaux des Étangs et de Beaucaire: Auteur: G. de Caraman. (le Compte.) Publié: 1836 – Seconde édition en 1853 – Rien de tel qu’un récit de voyageur pour se replonger dans l’atmosphère de l’époque, celui-ci, outre les renseignements précis sur les réalisations des constructeurs décrit le ressenti de l’auteur, lequel manifestement a parcouru l’intégralité du canal. 
  • Délibérations des Conseils Généraux des départements de Haute-Garonne, de l’Aude et de l’Hérault. Nous y déterminons le rôle joué par les Ponts et Chaussées notamment au XIXème pour l’entretien du canal et de ses écluses. 
  • L’Officiel du Canal du Midi permettant d’une part de localiser les écluses très rapidement, d’autre part de les numéroter puisque c’est cette numérotation contemporaine que j’ai repris. 
  • Le site incontournable de Jean-François Benne http://www.canaldumidi.com/ 
  • Les Archives Historiques des Canaux du Midi. Il y a sans aucun doute des documents (factures, contrats, plans de pose..) au sein de ces archives. Si vous avez l’intention de compléter cet historique sur les plaques n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec l’archiviste Samuel Vannier, à Toulouse. Vous trouverez ses coordonnées sur le site des archives. 

A noter que sur aucun de ces sites ou documents on ne parle des plaques signalétiques. Je vais voir au niveau des archives du Canal du Midi si il y a quelque documents pouvant compléter et enrichir cet article. 


La carte de navigation (c’est le cas de le dire) sur ce site est une carte au format 8000. Il s’agit d’une carte de 1697: Le canal royal de Languedoc, pour la jonction de l’océan et de la mer Méditerranée / Par I.B. Nolin.

En 1697 le canal ne passait pas à Carcassonne. J’ai donc dû créer les points d’écluse sur la carte, celle de Carcassonne et celle de St Jean. Par contre il y a des écluses qui n’existent plus. 

Pour pointer la carte vers les articles (autant d’articles que de divisions) deux solutions:

-Ou bien cliquez sur le pavé division, dans ce cas toutes les écluses de cette division seront sur la page qui s’ouvrira-

-En pointant le numéros d’écluses sur le tracé du vous arrivez directement sur l’écluse concernée-


Un grand merci aux contributeurs qui ont permis grâce à leur photographies de créer ces articles.  Alain Garreau – Didier Brousse – Norbert Quint – Louis Miquel


LA CARTE

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Patrick Rollet
Author: Patrick Rollet

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3 Commentaires

  • Répondre nicolerey81 17 juin 2014 at 18 h 40 min

    Extraordinaire cet article: il y a un moment qu’on veille sur ces plaques pour un ouvrage lui même incroyable , je le connais bien et ne m’en lasse pas

    merci pour ton article

  • Répondre alain 22 janvier 2016 at 14 h 10 min

    Bonjour : En fait, Truilas est sur la jonction entre le Canal du Midi et celui de La Robine . ( je ne me souviens pas si je t’ai envoyé celle de St Lucie sur al Robine )

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